Origines

Il subsiste encore de nombreux doutes quant à l’origine la plus ancienne du Terre-Neuve. Les hypothèses plausibles ne manquent pas mais aucune d’elles n’est absolument certaine.

Le Terre-Neuve est-il issu des « chien-ours » des Vikings qui ont réellement fait des incursions en Amérique ?

Peut-on considérer le Mastiff tibétain comme le précurseur du Terre-Neuve ? On dit qu’il serait arrivé en Amérique par le détroit de Béring et l’Alaska avec les ancêtres des Indiens d’Amérique, comme c’est le cas pour les races nordiques. Le Terre-Neuve dériverait donc du grand chien noir des Algonquins et des Sioux, décrit de nombreuses fois dans des textes concernant ces ethnies.

Quoi qu’il en soit, le Terre-Neuve a trouvé un espace à lui sur l’île qui porte son nom ; il y a été « découvert » par des navigateurs qui ont apprécié ses grandes dispositions de chien « aquatique », et qui ont commencé à l’emmener avec eux sur leurs embarcations.

Sir Joseph Bank, naturaliste britannique qui participa au 1er voyage de James Cook autour du monde, fut l’un des premiers passionnés de cette race et c’est lui qui introduit le Terre-Neuve en Europe. Ce chien a immédiatement conquis les personnages importants de l’époque qui, comme Napoléon, Cook, Scott, George III ou Wagner possédaient un Terre-Neuve.

Anecdote : En 1815, Napoléon Bonaparte embarqua et tomba à l’eau alors qu’il s’apprêtait à rejoindre la France pour les cent jours, partant de l’Ile d’Elbe. Il n’eut la vie sauve que par l’intervention du chien Terre Neuve d’un pêcheur.

En attendant, sur l’île de Terre-Neuve, la situation des chiens de cette race devenait difficile car ils étaient accusés de faire de gros dégâts parmi les moutons et de répandre la rage. Les Terre-Neuve ont alors été décimés dans leur pays d’origine et cette race a bien failli s’éteindre : cependant, durant la même période, les amateurs étaient de plus en plus nombreux et l’on assista à la naissance des premiers élevages « modernes » en Europe, et particulièrement en Angleterre. En 1882, plus de 100 Terre Neuve provenant de toute l’Angleterre furent inscrits à l’exposition de Preston : c’est un véritable chiffre record si l’on considère que l’on n’en en était qu’aux balbutiements de la cynophilie sportive, et que les voyages, en ce temps-là étaient loin d’être faciles.

Par la suite, la race commença à se diffuser aux Pays-Bas, en Suisse, en France et en Allemagne : malheureusement ce grand élan s’arrêta soudainement à cause de la Première Guerre Mondiale. Comme tous les chiens de grande taille, le Terre-Neuve était difficile à rassasier en temps de guerre : de nombreux chiens abandonnés sont ainsi morts de faim.

Dans les années 20, la race était pratiquement éteinte ; mais c’est à cette période qu’est arrivé en Europe le plus grand champion de l’histoire du Terre-Neuve, Satan, né dans un élevage de St John, sur l’île de Terre-Neuve ; il fut vendu par son propriétaire qui n’avait pas obtenu l’autorisation de le rembarquer vers l’Amérique, après un voyage en Europe.

Satan a remporté pratiquement toutes les expositions auxquelles il a participé, et a laissé une grande empreinte dans l’histoire de la race : c’est également le cas d’un grand étalon, Siki, appartenant à George Bland, Terre Neuve le plus célèbre de l’élevage anglais.

Quand un chien « important » émerge des expositions, sa race connaît un succès immédiat : le Terre-Neuve a alors vécu une période glorieuse, qui s’est traduite par une production de haut niveau, aussi bien du point de vue qualitatif que quantitatif. Ce fut d’ailleurs une chance pour cette race car on se rapprochait de la Seconde Guerre Mondiale et donc d’une autre grande période de crise : en Angleterre, par exemple, une seule portée a vu le jour entre 1940 et 1945.

On peut affirmer aujourd’hui que la race a été sauvée grâce à la grande diffusion qu’elle a connue entre les années 20 et 30 : en effet, au cours de l’Après-guerre, l’élevage du Terre-Neuve a repris avec une grande vigueur dans le monde entier ; la formation de nombreux clubs spécialisés a donné naissance à des chiens au patrimoine génétique excellent, qui sont à l’origine de presque tous les champions d’aujourd’hui.